«Ouija, es-tu là?»

« Si tu es là, vas vers le oui… »

Voilà plusieurs mois que je ne vous ai pas écrit. J’ai eu besoin de faire une pause numérique et de me concentrer sur l’essentiel pendant quelques mois. Mais alors que l’été tire à sa fin, j’ai eu envie de vous retrouver et de vous partager de nouveau mes réflexions et mes petites histoires.

Aujourd’hui, ce qui m’inspire a un lien direct avec ma première job d’été. Peut-être serez-vous surpris (ou pas! 😜) de découvrir ce que c’était…

Boucherville, 1979.

Fascinée par le monde subtil, les phénomènes paranormaux et tout ce qui touchait au sixième sens, j’ai toujours eu le désir de me connecter au monde de l’invisible.

Un évènement précis est à l’origine de ma fascination pour le surnaturel. Un soir d’été, une séance de spiritisme a eu lieu chez oncle André et tante Pauline. Les sœurs de ma mère, accompagnées de leurs maris, étaient tous réunis pour cette séance présidée par Madame Argentine.

Madame Argentine était la mère de mon oncle André. Très avant-gardiste pour l’époque, elle créait des chapeaux très originaux. Elle a également eu un second métier : celui de lire l’avenir dans les cartes et les feuilles de thé. Elle portait toujours des tenues singulières venues d’un autre temps, ce qui l’élevait, à mes yeux, au statut de celle qui pouvait communiquer avec l’invisible avec aisance.

Son don mystérieux était pour moi source de fascination. Mon rêve était qu’elle me tire aux cartes. Je me disais que ses prédictions envoûtantes sauraient à coup sûr me mener vers un destin de diseuse de bonne aventure. Je l’imaginais tenir des séances dans un salon de thé anglais avec, au centre de la table, une boule de cristal.

Lors de cette fameuse séance de spiritisme, j’ai assisté à de nombreux phénomènes intrigants qui ont marqué mon imaginaire et dont ma famille parle encore aujourd’hui! C’est cet événement hors de l’ordinaire qui m’a poussée à vouloir communiquer avec le monde des esprits et à installer ma propre table de Ouija dans mon garde-robe…

Madame Argentine ou comment oser vivre à contre-courant

Née en 1907, la petite Argentine est l’aînée de 13 enfants. Dès l’âge de 14 ans, elle apprend son métier de chapelière sous la tutelle de modistes renommés.

Fait inusité pour l’époque, Madame Argentine se rendit même à Paris afin de suivre un cours de perfectionnement. Pendant son séjour, elle eut l’immense privilège d’être invitée à des défilés de mode parisiens, notamment chez Dior.

Madame Argentine dans son atelier de Montréal en 1947 - Blogue | Annie Peyton
Son atelier, situé dans Westmount, présente ses chapeaux d’une grande élégance et d’une originalité raffinée. Son talent et son imagination fertile attirent la clientèle la plus exclusive de la métropole. Les lady, actrices hollywoodiennes et célébrités se succèdent à la porte du salon afin de repartir avec les créations de cette grande modiste de chapeaux.

Lorsque la profession de chapelière devient désuète, les capacités divinatoires de Madame Argentine lui permettent de se créer une nouvelle carrière tout aussi originale. Il est facile d’imaginer que ses clientes, alors qu’elles se procuraient de sublimes chapeaux, aient goûté à ses dons innés et l’aient suivie dans sa nouvelle aventure puisque son carnet de consultations était toujours bien rempli.

Revenons à ma table de Ouija dans le garde-robe…

Cet endroit est rapidement devenu mon endroit préféré pour faire des consultations. Déjà à cet âge, j’avais des clients. On me téléphonait afin que j’anime des séances de Ouija. Dans ma vie, il y avait la période scolaire, puis la période estivale, le moment idéal pour développer mes aptitudes intuitives.

Avec une poignée de curieux, je passais mes étés à jouer à Ouija. Tous les endroits étaient propices à une séance. Certains rêvaient de devenir une rock star, d’autres d’être riches ou de se marier, moi je rêvais d’être une medium.

Je prenais mon rôle de maître de séance de Ouija très au sérieux. J’étais considérée comme celle qui allait réussir à appeler les esprits tout en contrôlant le bon déroulement des séances et celle qui serait en mesure de congédier les esprits lorsque les conversations commençaient à dérailler.

J’adorais ces moments où le temps était suspendu et où tout pouvait arriver. J’avais l’impression de voyager dans un univers parallèle. Je rêvais de discuter avec de vieilles entités qui allaient me révéler des moments clé de leurs vies. Je souhaitais avoir la chance de pouvoir être le pont entre les personnes décédées et les personnes présentes dans l’assistance.

Je n’ai jamais eu la chance d’avoir une vraie planche de Ouija. J’ai dû créer moi-même mon espace de travail. Des papiers coupés à la main indiquant toutes les lettres de l’alphabet, le oui, le non, les chiffres et l’incontournable «Good Bye», qui nous permettaient de mettre à la porte un esprit indésirable.

«Ouija es-tu là? Si tu es là vas vers le oui…» inaugurait toujours la séance et à ce moment, l’excitation était à son comble. Il y avait toujours un participant qui éclatait de rire. Je n’aimais pas jouer avec ces gens-là. Pour moi, c’était du sérieux. Il fallait démontrer du respect aux entités qui, selon la théorie, prenaient une énergie folle pour venir nous visiter.

De nombreux évènements réels ou imaginaires se sont déroulés lors de ces séances. Essentiellement, mes étés se sont passés comme ça.

C’est donc grâce à Madame Argentine que j’ai eu ma première job d’été et que j’ai réalisé, très jeune, qu’être originale était une grande qualité! Tout comme Madame Argentine, qui profitait sans doute du passage de ses distinguées clientes au salon pour leur prodiguer conseils et réflexions, j’utilise aujourd’hui ma grande capacité intuitive afin de vous aider à répondre rapidement aux questions suivantes :

  • Où vous situez-vous?
  • Où voulez-vous aller?
  • Que voulez-vous vraiment?

Réservez votre consultation et discutons-en!

P.S. En passant, j’ai retrouvé la table de Ouija de Madame Argentine cet été. J’ai donc enfin ma propre planche de jeu! «Ouija, es-tu là? Si tu es là, vas vers le oui…»